À l’Atelier des Jours à Venir, nous nous interrogeons sur la nécessité, la pertinence, la façon d’ouvrir un lieu de recherche scientifique aux habitants du quartier, du territoire, et de faire vivre ce lieu. La notion de « tiers-lieu » étant à la mode mais restant pour nous assez floue, nous avons souhaité la prendre comme point de départ pour préciser notre position, lors d’une réunion d’équipe le 2 mars 2021.
Voici quelques idées que nous avons discutées :
- Lieu « tiers » : lieu extérieur ? L’Atelier des Jours à Venir cherche à relier, à mettre en lien, à des acteurs qui ne se rencontrent habituellement pas, et donc à faire en sorte que chacun rencontre le monde de l’autre. Il nous semble qu’un lieu dédié, un tiers-lieu, resterait à l’extérieur des mondes des uns et des autres. Notre approche est plutôt intégrative. Peut-être sommes-nous plutôt des passeurs ?
- Accueillir – Comment dépasser le caractère intimidant des lieux de recherche scientifique ? Qui se sent autorisé-e à entrer dans un bâtiment de recherche, même pour un festival, une rencontre avec des chercheurs ? Ces lieux sont emprunts de codes, de normes. Ils sont nécessairement un reflet voire un vecteur de rapports de pouvoir entre « sciences & société ». Il importe donc de s’interroger sur la façon dont mettre à l’aise des personnes extérieures au milieu scientifique dans de tels lieux. Cela implique d’être attentif par exemple au rôle des personnes qui accueillent ces hôtes, à l’agencement de l’espace, au rythme, à la durée, à la forme des échanges, etc.
- Se déplacer vers des lieux existants. Lorsque des chercheurs vont rencontrer des habitants dans un café de quartier ou dans un centre socio-culturel, des collégiens dans leur établissement, des agriculteurs dans leur exploitation, la relation qui s’instaure est toute autre. Les habitants, les collégiens, les agriculteurs sont dans un espace qui leur est familier, qu’ils ont à coeur de faire découvrir. Ils peuvent aussi être touchés par l’effort fait par les chercheurs pour venir à leur rencontre. Le travail des médiateurs / intermédiateurs de l’Atelier des Jours à Venir consiste ainsi à aller rencontrer les acteurs « chez eux », et à y convier ensuite les chercheurs.
- Une diversité de lieux à habiter, activer. Quand, dans le cadre d’un festival de sciences, des conférences sont organisées dans une école d’ingénieur ou sur une plage, ce n’est pas le même public qui est présent à ces rencontres. Un tiers-lieu ne serait pas différent : ce n’est pas parce qu’il serait décrété ouvert à tous-tes et dédié aux rencontres que tous-tes viendraient et que des échanges auraient lieu.
Passeur ou caravane, il semble qu’aujourd’hui, l’Atelier des Jours à Venir cherche plutôt à investir une diversité de lieux existants, qu’ils soient scientifiques ou non, et à porter une attention aux conditions de rencontre, à prendre soin de ces conditions. Sans oublier que ces lieux peuvent être très proches les uns des autres, et qu’il n’est souvent pas nécessaire d’aller loin pour être dépaysé.